LAÏCITÉ, RELIGION ET VOILE
Cette ligne du temps examine les prises de position de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) sur la laïcité, la religion et le port du voile. Elle met en avant les débats sur la laïcité de l’État, la liberté de religion et les droits des femmes.
2019
QUE la FFQ participe aux efforts des groupes de défense des droits collectifs et des droits de la personne pour amener le gouvernement à retirer le discriminatoire projet de loi 21 (Loi québécoise sur la laïcité de l’État);
QUE la FFQ participe aux efforts d’éducation populaire sur le principe de laïcité de l’État;
QUE la FFQ continue de défendre les droits des femmes dans les débats sur la laïcité, dans une approche intersectionnelle;
QUE la FFQ continue de former ses membres sur les pratiques intersectionnelles.
2019
QUE la FFQ reconnaisse que les femmes musulmanes décident de porter un voile pour de multiples raisons;
QUE la FFQ soutienne l’autonomie des femmes dans leurs décisions de porter ou non un voile, quel qu’en soit la forme;
QUE la FFQ soutienne les femmes musulmanes portant ou non un voile dans leur choix de carrière quelle que soit la sphère d’activités;
QUE la FFQ continue à rejeter l’imposition du port du voile.
2009
QUE la FFQ, dans la poursuite de la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes, revendique l’élaboration d’une charte sur la laïcité afin de définir la nécessaire neutralité de l’État et des institutions. Dans ce processus d’élaboration, il faudra débattre des moyens d’appliquer la règle de neutralité dans les institutions et les services publics.
QUE la FFQ s’oppose à l’interdiction du port de signes religieux pour les personnes qui travaillent dans la fonction publique et les services publics québécois, à l’exception des juges, des procureures et procureurs de la Couronne, des policières et policiers, des gardiennes et gardiens de prison, des personnes assumant la présidence et la vice-présidence de l’Assemblée nationale ainsi que des personnes exerçant des métiers ou professions où la sécurité exige l’interdiction ou la restriction de certains signes religieux;
QUE la FFQ s’oppose à l’interdiction du port des signes religieux dans la fonction publique et les services publics québécois et s’oppose également à l’obligation de les porter et s’oppose à l’obligation politique qui est faite aux femmes de les porter dans certaines sociétés;
QUE la FFQ exige que les gouvernements du Québec et du Canada respectent, promeuvent et mettent en œuvre les engagements qu’ils ont pris de protéger les femmes contre toutes les violations des droits des femmes à la vie, à l’intégrité de la personne, à disposer librement de leur corps, à l’accès à la contraception et à l’avortement, à la liberté de circulation, au choix de la ou du partenaire.
QUE la FFQ exhorte les gouvernements québécois et canadien à :
- Prendre tous les moyens nécessaires pour lutter contre ces violations, notamment : la violence conjugale, les agressions sexuelles, les crimes d’honneur, les mariages forcés, la polygamie, les mutilations génitales féminines.
- Prendre tous les moyens nécessaires pour assurer aux femmes immigrantes le droit à l’emploi sans discrimination et un réel accès à l’égalité en emploi tant dans les secteurs public que privé.
- Prendre position au sein d’instances internationales, comme les Nations Unies, contre les violations des droits des femmes justifiées par le relativisme religieux ou culturel partout dans le monde.
2008
QUE la FFQ adopte la déclaration qui suit : L’égalité est une valeur universelle. Aucune liberté non plus qu’aucun droit ne doit servir à perpétuer la discrimination contre les femmes. Le droit à l’égalité ne veut rien dire si on ne garantit pas l’ensemble des droits économiques, sociaux, culturels, civiques et politiques. La FFQ défend donc l’ensemble des droits des femmes. Nous considérons la liberté de religion comme un droit fondamental. Nous ne croyons pas que la liberté de croyance constitue une limite a priori à l’égalité. Toutefois, la liberté de religion devrait se faire en harmonie avec le principe d’égalité entre les femmes et les hommes. La FFQ est pour la liberté religieuse, mais contre les intégrismes de toutes les religions. La FFQ croit que ce même principe doit inspirer les politiques publiques et les pratiques dans les institutions qui relèvent de l’État québécois.
Ceci étant dit, il est primordial de rappeler que toutes les pratiques culturelles ou religieuses qui oppriment les femmes et les filles doivent être dénoncées en tant que violations des droits humains des femmes. Les violations les plus flagrantes de ces droits sont souvent commises au sein du mariage et de la famille – en particulier en ce qui concerne les droits des femmes de choisir leur conjoint, d’avoir ou non des enfants, de divorcer, etc. La plupart des religions condamnent également l’ensemble des relations sexuelles à l’exception de celles entre une femme et son mari. Seule l’hétérosexualité est tolérée. En aucune circonstance, la FFQ ne saurait accepter le relativisme culturel pour justifier les violations des droits des femmes parce que ces violations seraient décrétées par des croyances religieuses et justifiées par la liberté de religion. La mission de la FFQ ne consiste-elle pas à nommer et à condamner toutes les pratiques qui portent atteinte aux droits des femmes ? C’est pourquoi nous nous sommes fortement opposées, par le passé, à l’instauration de tribunaux d’arbitrage religieux en droit de la famille et à la polygamie.
Aujourd’hui, un climat politique des plus conservateurs au Canada et au Québec a eu pour effet une augmentation de l’influence de la religion dans la sphère politique. Certains groupes de pression religieux cherchent à exercer une influence, notamment à l’occasion de la présente campagne électorale fédérale, à l’encontre des droits acquis de haute lutte pour l’égalité des femmes et leur autonomie. La récente intervention de Mgr Jean-Claude Turcotte et de l’Assemblée des évêques du Québec qui ont profité de la campagne électorale fédérale pour intervenir dans le débat sur l’avortement en prenant position pour le projet de loi C-484 et contre la remise de l’Ordre du Canada au docteur Morgentaler, en est un flagrant exemple !
La conjoncture internationale a également un impact sur les enjeux soulevés par la question du port des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique québécoise. En effet, depuis le 11 septembre 2001, le monde s’est à nouveau divisé, mais sur une base plutôt religieuse. Les identités religieuses ont pris le pas sur les identités nationales ou « ethniques » et on assiste de ce fait à une montée des intégrismes religieux.
Le danger du développement d’une ghettoïsation ou d’un communautarisme pointe à l’horizon. Cela peut être provoqué par l’exclusion économique, sociale, politique et culturelle de certains groupes minoritaires dans la société – immigrant·e·s, migrant·e·s, noir·e·s, arabes, musulman·e·s, etc., par l’intégrisme religieux ou par des politiques gouvernementales mal conçues. En plus de remettre en question un projet collectif de société et l’identité québécoise elle-même, la ghettoïsation de certains groupes risque d’engendrer des conflits plus importants au sein de la société et un enfermement identitaire qui maintiendrait de façon rigide des traditions défavorables aux femmes. Comprenons-nous bien, nous ne pointons pas du doigt une ou l’autre culture.
La laïcité de l’État est primordiale ainsi que l’affirmation d’une société québécoise ouverte et inclusive afin d’assurer l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. Quant au processus de laïcisation de l’État québécois, il est en cours et toujours inachevé.
2006
QUE la FFQ participe et contribue aux débats sociaux sur la problématique de la polygamie au Canada et au Québec et sur l’accommodement raisonnable et la gestion de la diversité culturelle et religieuse dans le but d’y apporter un point de vue féministe.
1999
QUE la FFQ s’engage à défendre le projet de développement d’un réseau d’écoles publiques et laïques accessibles et gratuites avec un financement adéquat. L’école doit être un lieu d’expression de la diversité, de promotion et de transmission de valeurs morales et sociales telles la démocratie, la paix, la justice, la coopération, la solidarité et l’égalité.