Témoignage de Sonya, mise en danger par la STM

De la STM et de l’instrumentalisation de la cause des femmes.

Le 21 août 2018, par un mardi pluvieux, je rentrais à Montréal après un long voyage aux chutes du Niagara que je découvrais pour la première fois. C’était d’ailleurs assez décevant comme « spectacle » mais le voyage avait valu pleinement sa peine grâce  aux nombreuses belles rencontres faites sur la route. Munie d’un gros sac, de quelques restes de nourriture dans les poches et de plein de moments déjà convertis en souvenirs, en tête, j’arrivais à Montréal en bus inter-régions, un peu somnolente et avec un retard de 30 minutes : juste ce qu’il fallait pour rater le dernier métro. Je suis donc allée prendre un bus de nuit, la 365.

Il était presque 2 heures du matin et, n’ayant plus de monnaie et voyant tous commerces à proximité fermés, j’ai demandé au conducteur si je pouvais monter sans payer. Il m’a affirmé que oui et deux stations après, des contrôleurs de la STM, à l’allure garde-corpienne, sont montés. Ils n’ont rien voulu entendre, n’ont pas pris la peine de vérifier avec le conducteur qu’il m’avait bien dit que je pouvais monter sans payer et m’ont fait descendre du bus pour me coller une amende de 222 dollars, au bout d’une vingtaine de minutes d’attente sous la pluie.

Deux hommes costauds m’ont fait descendre du bus à 2 heures du matin, sous la pluie, dans une station peu fréquentée, pour me laisser 20 minutes plus tard toute seule avec la nuit.

Juste avant de descendre sous leurs ordres -car il s’agissait bien d’ordres- j’avais vu pour la énième fois l’autocollant collé dans tous les bus montréalais, mentionnant qu’une femme seule a le droit de demander de descendre entre les stations, à partir de 19h30 l’hiver et de 21h00 l’été, dans le but, apparemment, de rendre les mobilités des femmes plus sûres.

Il était près de 2 heures du matin et j’étais seule avec mon gros sac, les beaux souvenirs évaporés, lorsque j’ai eu une contravention de 222 dollars dans une rue quasi-déserte, dans la compagnie de deux hommes qui ne m’inspiraient aucune confiance. Après leur départ, je me suis retrouvée seule dans une rue qui ne m’inspirait pas plus de confiance. Enfin, un petit peu quand-même.

Je pensais à l’autocollant. (voir la photo ci-dessous). Apparemment, j’aurais pu demander à descendre entre deux stations à 21h00, pour ma sécurité… Ironie ou foutage de gueule ?

Je m’appelle Sonya Ben Yahmed et je trouve la Société de Transport de Montréal (STM ) très hypocrite et indécente.

La cause des femmes ne devrait pas être instrumentalisée de la sorte, la cause des femmes n’est pas là pour que vous fassiez bonne figure!

Je m’appelle Sonya Ben Yahmed et je n’ai été ni sexuellement abusée, ni kidnappée, ni assassinée, ce soir-là, mais j’aurais pu l’être, surtout si mon nom avait plutôt été Maisy ou Azraya ou Rhonda et si je ne pratiquais pas l’auto-défense féministe qui m’aurait éventuellement aidée à m’en sortir en cas de besoin.

Communication de la STM pour proposer un service pour les femmes qui voyagent seules