Comité des 12 jours : rencontre avec la Ministre Sonia LeBel
13 DÉCEMBRE 2018
Dans le cadre des 12 jours d’actions contre la violence envers les femmes, le comité des 12 jours a rencontré la ministre de la condition féminine du Québec, Sonia LeBel, le lundi 3 décembre au palais de justice de Montréal.
Le comité des 12 jours a souhaité, à travers cette rencontre, interpeller Madame Sonia LeBel sur le manque d’inclusion des organismes féministes issues de la société civile dans l’élaboration des politiques publiques et sur la nécessité de modifier les indicateurs nationaux de succès sur les luttes féministes pour inclure les femmes qui sont les plus impactées par les situations de violences.
Comme il a été souligné par les portes-paroles du comité des 12 jours, cela implique que :
- Les femmes en situation de handicap ne soient pas seulement une note de bas de page, mais soient pleinement prises en compte dans les statistiques, les politiques et les programmes nationaux des violences à l’égard des femmes.
- Le gouvernement doit ré-instaurer un comité-conseil effectif pour avancer sur le dossier des femmes immigrantes, mis au placard depuis 2014.
- Les agents de police et les services sociaux soient mieux formé-e-s pour traiter les demandes et les plaintes des femmes marginalisées.
- La reconnaissance que les femmes noires et les femmes autochtones sont les premières victimes des violences policières et de la nécessité de mettre en place des mesures pour lutter contre.
- Le questionnement du projet de loi de la CAQ visant en grande majorité des femmes, puisque le secteur de l’enseignement est également visé par le projet de loi, et rejetant un peu plus à la marge les femmes musulmanes.
Si nous ne prenons pas en compte toutes ces femmes, nous ne pouvons pas avoir de solutions qui fonctionnent.
La question de la nécessité de lancer des financements par mission, au-delà des financements par projet a également été évoquée afin que soit réellement reconnue l’expertise des organismes issus de la société civile. En effet, ces organismes survivent sans être capable de remplir leur mission, qui répondent pourtant à des besoins réels.
Le Comité a également dénoncé les financements à la dernière minute qui entraînent des délais de travail très court, et un coût financier aux organismes. Il a aussi été souligné que les financements à la dernière minute ont un impact sur l’accessibilité des communications de la campagne.
Le Comité a particulièrement insisté sur l’importance d’écouter les premières concernées pour élaborer des projets de loi.
En réponse à nos inquiétudes sur le projet de loi de la CAQ sur l’interdiction des signes religieux, reléguant encore plus à la marge des femmes déjà ciblées par des discriminations, la Ministre Sonia LeBel a confirmé que son gouvernement avait la volonté « sans ambiguïté » d’aller de l’avant pour passer la loi, tout en concédant que ce projet de loi n’est pas fait avec les premières concernées.
Le Comité des 12 jours espère que ses requêtes seront entendues par la Ministre et que le ministère ouvrira ses portes vers plus de collaborations avec les expertes de la société civile. Nous espérons également être consultées lors des discussions parlementaires au sujet du projet de loi de la CAQ sur l’interdiction des signes religieux.
Un financement stable et récurrent pour les organismes qui travaillent avec les femmes marginalisées et une écoute des premières concernées sont plus que jamais nécessaires.
Sans quoi, comment aller de l’avant si nous continuons à mettre des femmes à la marge et si les paroles d’expertise ne sont pas écoutées ?
Les portes-paroles présentes à cette rencontre du Comité des 12 jours étaient : Marlihan Lopez (Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel), Manon Monastesse et Adeline Jouve (Fédération des maisons d’hébergement pour femmes), Marie-Pier Boisvert (Conseil Québécois LGBT), Eve Torres (La Voie des femmes), Hanane Khales (DAWN /Réseau d’action des femmes handicapées du Canada), Gabrielle Bouchard (Fédération des femmes du Québec) et enfin Allison Harvey (Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine)