Discours de Marlihan Lopez à la manifestation contre les violences sexuelles

Qu’allons-nous faire face à cette vague de dévoilement d’agressions à caractère sexuel?

ONVOUSCROIT #ONVOUSCROIT #ONVOUSCROITTOUSTES


Ce n’était pas ta faute. Ça n’a jamais été ta faute. Tiens ton cœur fort, ce n’était pas ta faute.

Les médias nous disent que nous sommes témoins d’une nouvelle vague de dévoilement d’agressions à caractère sexuel (ACS). Une nouvelle vague. Mais dans cette mer, le courant ne cesse pas d’amener ces violences à la surface. Il ne s’agit pas d’une nouvelle vague de dénonciations. Elles sont juste médiatisées.

Qu’allons-nous faire face à cette vague? Je souhaite qu’on se laisse porter par une marée de transformation. Qu’il y ait des changements systémiques. Que d’abord, la responsabilité change de bord, qu’on reçoive les dévoilements avec #OnVousCroit, et qu’on ne le réserve pas seulement à la narrative de la victime parfaite. Que ce #OnVousCroit soit également offert aux personnes survivantes noires et autochtones, aux communautés trans et queer, aux personnes incarcérées, aux survivant.e.s en situation de handicap. Qu’on offre un #OnVousCroit aux travailleuses et travailleurs de sexe.

Je souhaite que cette vague nous amène la guérison. Qu’on puisse avoir des services sécuritaires en tant que femmes Noires. Des services de soutien et d’aide sécuritaires, accessibles et inclusives aux multiples expériences et réalités. Car, nous voulons aller au-delà de la dénonciation, et continuer notre cheminement de guérison, car nous méritons guérir.

Mais où sont les ressources? Pourquoi les personnes survivantes qui résident à Montréal Nord, quartier défavorisé et identifié ayant un trou de services en matière de violence sexuelle, pourquoi n’ont-elles pas une ressource en violences sexuelles? Il y a des policiers dans les écoles de Montréal Nord, mais pas de ressources spécialisées en violence sexuelle. Pourtant, des militantes survivantes se sont mobilisées pour revendiquer des services.

Que cette nouvelle vague soit transformatrice. Je nous le souhaite. Que les voix, les expériences des communautés aux marges soient portées par cette vague. Qu’elles ne soient plus reléguées au silence.

Nous savons que le système de justice n’est pas conçu pour nous. Je sais qu’il ne pourra jamais m’offrir un chemin vers la libération. Alors, il faut investir en nous-mêmes. Notre mère Audre Lorde a dit : « Ce ne sont pas nos différences qui nous immobilisent. C’est le silence. » Brisons le silence sur toutes les expériences de violence à caractère sexuel. Croyons toutes les personnes victimes et survivantes. Il faut s’adresser aux racines colonialistes et racistes de la violence sexuelle. Allons au-delà des hashtags et construisons un mouvement pluriel contre les violences sexuelles, en centrant les voix qui sont aux marges.

Je vais clore avec une citation de Lisa Factora Borchers :

“Survival is a testament to someone’s strength. Healing is a testament to the community surrounding them.” (traduction libre : « La survie est un témoignage de la force de quelqu’un.e. La guérison est un témoignage de la communauté qui l’entoure. »)

Lisa Factora Borchers